samedi

Ben Laden est mort en décembre 2001

 

Gordon Duff : les états-Unis reconnaissent ouvertement que Ben Laden est mort depuis longtemps.

Gordon Duff

Gordon Duff, un ancien Marine US parle de sa honte et du déshonneur qu’ont représenté pour lui, et représentent encore aujourd’hui, les continuelles évocations par Bush et maintenant par Obama, de l’ennemi public numéro un, Oussama Ben Laden. Il revient sur le gâchis innommable de cette guerre faite au nom d’un simulacre de chasse à l’homme, puisque les administrations américaines successives, les Services Secrets et tant d’autres personnes même bien moins informées savent depuis longtemps que ben Laden est mort en décembre 2001 après avoir toujours nié être l’organisateur des attentats du 11-Septembre.

 

Ben Laden absent du rapport de McChrystal et du discours d’Obama: "La traque de ben Laden", une honte nationale. Il y a des années que le commentateur conservateur, l’ancien Colonel de Marine Bob Pappas, explique que Ben Laden est mort à Tora Bora et que l’affirmation du Sénateur Kerry selon laquelle Ben Laden a pu fuir avec l’aide de Bush est un mensonge. Nous savons maintenant que Pappas voyait juste. Entendre la Secrétaire d’État Clinton lors de son passage au Pakistan parler de Ben Laden était terriblement embarrassant. Ben Laden est mort le 13 décembre 2001 et maintenant enfin, Obama, McChrystal, Cheney, et tous ceux qui ne sont pas complètement stupides finissent par avouer ce qu’ils savaient depuis des années.

Cependant, puisque nous avons perdu entre 200 et 300 hommes au sein de nos meilleures troupes d’opérations spéciales alors que nous savions Ben Laden mort, quelqu’un va-t-il pour autant passer derrière les barreaux ? Et vu que nous avons dépensé 200 millions de dollars pour ces "Special Ops" à la recherche d’un homme dont on savait qu’il était mort, qui donc ira en prison pour cela ? Bush, Rumsfeld et Cheney, pour des raisons que l’on sait maintenant d’ordre POLITIQUE, parlaient continuellement d’un homme qu’ils savaient décédé, mais qui ira en prison pour cela ? Pourquoi en 2004, des vidéos qui s’avérèrent contrefaites ont-elles été brandies comme des preuves issues du Renseignement pour faire basculer des élections [américaines] à l’issue incertaine ?  C’est un acte criminel, s’il en fut.

En 66 pages, le Général Stanley McChrystal ne mentionne pas une seule fois Oussama Ben Laden. Il n’y en a que pour "le Mollah Omar" à présent. Lors de son intervention à West Point, le Président Obama n’a jamais mentionné Oussama Ben Laden non plus. Pour le Colonel Pappas, c’est très clair : le vice-président Cheney "a laissé tomber" Ben Laden il y a longtemps. Ce dernier a été tué par des soldats américains il y a plusieurs années.

L’Amérique sait qu’Oussama Ben Laden est mort le 13 décembre 2001. Après cette date, son nom a servi moins à unir l’Amérique qu’à la diviser, à piper les dés. Une fois le cas de Ben Laden réglé, nous aurions pu commencer la reconstruction d’une Nation légitime en Afghanistan, au lieu d’affronter une insurrection sans fin que nous avons nous-mêmes inventée.

Sans une politique intoxiquée par de fausses informations nous aurions pu apporter une solution diplomatique pour l’Afghanistan dès 2002, ce que nous nous refusons à faire encore aujourd’hui, et investir l’argent dans la reconstruction du pays. Cette dépense-là représente 5 cents sur un dollar, comparé à ce que nous dépensons dans une guerre contre un ennemi que nous avons nous-mêmes créé en exploitant son ignorance

Le mensonge concernant Ben Laden est un des actes les plus honteux jamais commis contre le peuple américain. Nous ne savons même pas s’il était vraiment notre ennemi. En tout cas, il n’a jamais été le personnage dépeint par Bush et Cheney. En fait, les familles Bush et Ben Laden ont toujours été proches, et cela, depuis des années.

Quel genre d’homme était Oussama Ben Laden ? L’allié des Américains contre la Russie, fils d’une riche famille saoudienne, il s’est rendu en Afghanistan pour aider les Afghans à défendre leur liberté. L’Amérique l’a alors célébré comme un héros. Les transcriptions des propos du véritable Ben Laden le montrent beaucoup plus modéré que nous le prétendons, fâché contre Israël et contre le gouvernement américain, mais n’affichant aucune colère envers les Américains et ne proférant aucune des menaces alléguées. Tout cela appartient au domaine public, pour qui souhaite s’informer.

Dans quelle mesure la tragédie de l’Amérique est-elle liée au destin de ces deux enfants de familles fortunées, longtemps liées par l’argent et l’amitié, les clans Bush et Ben Laden ?

L’un des deux fils est mort au milieu de montagnes éloignées de tout, l’autre vit dans une banlieue de Dallas espérant que personne ne soit envoyé pour venir le chercher. L’un est vétéran de combat, l’autre n’a jamais montré de courage si ce n’est depuis son confortable bureau sécurisé. L’Islam a pu voir en Ben Laden un grand leader. À présent on l’a pratiquement oublié.

Qu’a décidé l’Amérique à propos de Bush ?

Nous le savons : Ben Laden a toujours nié être impliqué dans les attentats du 11 Septembre pour lesquels en réalité il n’a jamais été inculpé. Non seulement quand il était encore en vie a-t-il nié y avoir participé, mais il l’a fait à quatre reprises, et en condamnant vigoureusement ceux qui ont perpétré ces attaques.

Cela est du ressort du domaine public, enfin public dans tous les pays sauf le nôtre. Au lieu de cela, nous avons fabriqué des films et payé des acteurs qui devaient ressembler plus ou moins à Ben Laden, lesquels acteurs ont contredit les déclarations connues de Ben Laden, jouant Ben Laden longtemps après sa mort.

Ces vidéos ont servi à justifier des budgets, des lois répressives, la torture et le vol pur et simple.

Pendant des années, nous avons reproché au gouvernement pakistanais de ne pas pourchasser un individu que tous savaient mort. Dès le 15 décembre 2001 au Pakistan, les journaux font état de sa mort. Comment pensez-vous que notre allié se soit senti alors qu’il se faisait continuellement tirer l’oreille après ses échecs répétés à capturer et à livrer quelqu’un qui n’existait plus ?

Quel effet pensez-vous que cela a pu avoir sur la crédibilité de l’Amérique au Pakistan et dans tout le monde musulman ? Étions-nous vus comme des criminels, des menteurs ou simplement comme des imbéciles ? Qu’est-ce qui vaut mieux ?

Cela aussi est une trahison.

Dans quelle mesure la mort de Ben Laden, la défaite et l’annihilation de la capacité de nuisance d’Al-Qaïda influeront-elles sur les évaluations du Renseignement, partiellement basées sur l’activité de Ben Laden, mais aussi d’Al-Qaïda en Irak qui non seulement n’a jamais existé, mais que l’on savait par ailleurs parfaitement impossible ?

Combien d’"experts du Pentagone" sont coupables de ces crimes, tous ces officiers retraités qui ont vendu leur honneur en nous envoyant en guerre pour ce que l’on sait maintenant être un très sale tour de politique intérieure, sans rapport avec la sécurité nationale ?

Je ne suis pas toujours d’accord sur tout avec le Colonel Pappas. Je crois que son engagement politique a parfois tendance à obscurcir son jugement. Cependant, si nous sommes d’accord en ce qui concerne Ben Laden, nous ne le sommes pas sur ce que cela signifie. D’après moi, envoyer des hommes se faire tuer au front en se basant sur un mensonge est une trahison.

Falsifier des renseignements militaires secrets et dépenser des milliards de dollars pour des opérations militaires inutiles est une abomination. Pensez-y: c’est pure folie que de donner ces milliards pour des contrats à ses amis du Parti républicain afin d’aller remplir les caisses de campagne, et tout cela à partir de renseignements falsifiés. Cela s’est fait pendant des années.

Nous avons passé huit ans à poursuivre un mort, dépensant des milliards, envoyant des agents du FBI, de la C.I.A., des Forces spéciales de nageurs de combat de l’US Navy, des Unités de reconnaissance de la Navy, des Unités de Forces spéciales, dont beaucoup y ont laissé la vie, payant le prix d’une campagne politique visant à faire accepter l’explosion de la dette du pays, à enrichir une bande de copains du même bord et des profiteurs de guerre, et à faire applaudir une clique de fanfarons au Pentagone et leurs planqués de patrons à la Maison Blanche.

  • Combien de lois passées grâce à un mort ?
  • Combien de centaines de personnes torturées pour rechercher un mort ?
  • Combien de morts pour rechercher un mort ?
  • Combien de milliards dépensés à poursuivre un mort ?

Chaque fois que Bush, Cheney ou Rumsfeld se sont tenus devant des soldats et ont parlé de la traque du défunt Ben Laden, ce fut une honte, un déshonneur. Mentir aux hommes et aux femmes qui mettent leur vie en jeu n’est pas une plaisanterie.

Qui donc va répondre aux familles qui ont perdu un proche à cause de ces calculs politiques et financiers cachés derrière le prétexte de la traque de Ben Laden ?

de Gordon Duff traduit par C.Doure

 

Sanstitre

vendredi

Qui est Oussama ben Laden ?

 

 

Quelques heures après les attaques terroristes du 11 septembre au World Trade Center et au Pentagone, l'administration Bush concluait, sans preuve à l'appui, qu'Oussama ben Laden et son organisation, Al-Qaeda, étaient les suspects les plus probables. Le directeur de la CIA, George Tenet, déclarait que ben Laden « a la capacité de planifier plusieurs attaques sans avertissement ». Le secrétaire d'État Colin Powell qualifiait de son côté les attaques à Washington et à New York de « déclaration de guerre », Michel Chossudovskyce que George Bush confirmait dans son discours à la nation le soir même en affirmant qu'il ne « fera aucune distinction entre les terroristes qui ont commis ces actes et ceux qui les ont soutenu ». L'ancien directeur de la CIA James Woolsey insinuait pour sa part la complicité de un ou plusieurs gouvernements étrangers. Et l'ancien conseiller à la sécurité nationale Lawrence Eagelberger déclarait dans une entrevue télévisée: « Je crois que nous allons démontrer que, lorsque nous sommes attaqués de cette façon, nous pouvons réagir d'une manière brutale avec force et détermination » (« we are terrible in our strength and in our retribution »).

Suite aux déclarations officielles, les médias occidentaux n'ont pas tardé (sans preuves à l'appui) à approuver le déclenchement d'actions punitives contre des cibles civiles au Moyen-Orient et en Asie centrale. William Saffire écrivait à ce propos dans le New York Times : « Lors que nous aurons raisonnablement pu déterminer la localisation des bases et des camps de nos attaquants, nous devrons les pulvériser - en minimisant mais également en acceptant les risques de dommages collatéraux. Nous devrons agir par des opérations [militaires] directes mais également par des actions en sous-main [de nos services de renseignement], afin de déstabiliser les États hôtes de la terreur. »

Le texte ci-dessous a pour Object d'analyser l'histoire d'Oussama ben Laden et des liens entre la Jihad islamique et la politique étrangère des États-Unis depuis la Guerre froide.

Le premier suspect des attaques de New-York et Washington, le Saoudien Oussama ben Laden, qui est déjà désigné comme un « terroriste international « par le FBI pour son rôle présumé dans le bombardement d'ambassades étatsuniennes en Afrique, ironiquement fut au point de départ recruté par la CIA pour combattre les Soviétiques durant la guerre soviéto-afghane.

En 1979, la « plus grande opération secrète de l'histoire de la CIA » fut lancée en réponse à l'invasion de l'Afghanistan par les Soviétiques afin de soutenir le gouvernement pro-communiste de Babrak Kamal.

Sous les vifs encouragements de la CIA et des Services secrets pakistanais, qui voulaient transformer la Jihad afghane en une grande guerre menée par tous les pays musulmans contre l'URSS, quelque 35 000 intégristes musulmans en provenance de 40 pays islamiques se joignirent à la lutte en Afghanistan entre 1982 et 1992. D'autres dizaines de milliers vinrent étudier dans les madrasah pakistanais. Avec le temps, plus de 100 000 intégristes musulmans furent directement influencés par la Jihad afghane.

La Jihad islamique était appuyée les États-Unis et l'Arabie saoudite, une grande partie du financement provenant du commerce de la drogue dans le Croissant fertile.

En mars 1985, le président Reagan signait la directive de sécurité nationale nº 166, qui autorisait une aide militaire secrète aux Mujahideen. Cette initiative démontrait sans équivoque que la guerre secrète menée en Afghanistan avait pour objectif de combattre les troupes soviétiques en Afghanistan. La nouvelle aide en sous-main des États-Unis fut marquée par une augmentation substantielle de la quantité d'armes fournies - une aide annuelle régulière équivalente, en 1987, à 65 000 tonnes d'armes, de même qu'un flot incessant de spécialistes de la CIA et du Pentagone, au quartier général secret des Services de renseignements pakistanais, sur la route principale, près de Rawalpindi, au Pakistan.

La CIA, utilisant les services de renseignement pakistanais, jouait un rôle clé dans l'entraînement des Mujahideen. À son tour, la guérilla soutenue par la CIA fut intégrée avec les enseignements de l'Islam :

Les thèmes prédominants étaient que l'Islam est une idéologie socio-politique complète, que l'Islam sacré avait été violé par les troupes soviétiques athées et que le peuple islamique d'Afghanistan devrait réaffirmer son indépendance en se débarrassant du régime socialiste afghan soutenu par Moscou.

Le réseau des services de renseignement pakistanais

272px-Coat_of_arms_of_Pakistan.svg.pngLes Service de renseignement pakistanais - Inter Service Intelligence (ISI) furent utilisés comme « intermédiaire ». L'appui de la CIA à la Jihad fut réalisé par l'entremise de la ISI, c'est-à-dire que la CIA ne faisait pas parvenir son appui directement aux Mujahideen. En d'autres mots, afin de garantir le « succès » de ces opérations en sous-main, Washington avait pris soin de ne pas révéler l'objectif ultime de la Jihad, qui consistait à détruire l'Union soviétique.

Selon l'expression de Milton Beardman, de la CIA, cette agence « n'a pas entraîné les Arabes » en tant que tel. Cependant d'après Abdel Monam Saidali, du Centre Al-Aram d'études stratégiques du Caire, ben Laden et les « Arabes afghans » avaient reçu « par l'entremise de la CIA, un entraînement [militaire] très sophistiqué et spécialisé [dans différents champs d'application] ».

Beardman confirme néanmoins qu'Oussama ben Laden n'était pas conscient du rôle qu'il jouait pour Washington : « Ni moi [ben Laden], ni mes frères n'avions pu observer une quelconque aide américaine. »

Motivés par le nationalisme et la ferveur religieuse, les guerriers islamiques n'étaient guère conscients qu'ils se battaient contre l'Union soviétique pour le compte de l'« Oncle Sam ». Alors que des contacts furent établis et entretenus aux échelons supérieurs des services de renseignement, les commandants des rebelles islamiques sur le terrain n'avaient aucun lien direct avec Washington ou la CIA. Avec le soutien de la CIA et l'aide militaire américaine, la Inter Services Intelligence (ISI) pakistanaise s'est rapidement transformée en une « structure parallèle exerçant d'énormes pouvoirs sur tous les aspects de gouvernement ». La ISI possédait un personnel, composé de militaires, d'agents de renseignement, de bureaucrates, d'agents doubles et d'informateurs, estimé à 150 000 personnes. Entre-temps, les opérations de la CIA contribuaient également à renforcer le régime militaire pakistanais dirigé par le général Zia Ul Haq :

Les relations entre la CIA et les Services de renseignement pakistanais sont devenues plus amicales suite au coup d'État contre Bhutto par [le Général] Zia et l'installation d'un régime militaire. [...] Durant la plus grande partie de la guerre d'Afghanistan, le Pakistan était encore plus anti-soviétique que les États-Unis. Peu après l'invasion de l'Afghanistan par des militaires soviétiques, en 1980, Zia avait donné ordre au directeur de la ISI de mener des actions en sous-main afin de déstabiliser les républiques soviétiques d'Asie centrale. La CIA n'a approuvé ce plan qu'en 1984. [...] La CIA était encore plus prudente que les Pakistanais. Le Pakistan et les États-Unis choisirent tous deux la supercherie. Des actions diplomatiques de façade furent menées alors que les services de renseignement [CIA et ISI] s'étaient préalablement entendus qu'une escalade militaire constituait la meilleure solution.

Le croissant d'or de la drogue

L'histoire du commerce de la drogue en Asie centrale est intimement liée aux activités secrètes de la CIA. Avant la guerre URSS-Afghanistan, il n'y avait pour ainsi dire presque pas de production locale d'héroïne. À cet égard, l'étude d'Alfred McCoy confirme que, durant les premières années des opérations de la CIA en Afghanistan, « les territoires près de la frontière pakistano-afghane devenaient le principal fournisseur d'héroïne pour le marché mondial, répondant à 60 % de la consommation d'héroïne au États Unis. Au Pakistan, le nombre de personnes dépendantes de l'héroïne est passé de près de zéro en 1979 à [...] 1,2 million en 1985 un accroissement beaucoup plus grand que celui connu par n'importe quel autre pays.

La CIA contrôlait indirectement le commerce de l'héroïne. Lorsque les Mujahideen ont établi leur contrôle sur une partie du territoire afghan, ils ont donné l'ordre aux paysans de cultiver de l'opium en guise de taxe révolutionnaire. De l'autre côté de la frontière, au Pakistan, des leaders afghans et des groupes d'affaires locaux, sous la protection des Services de renseignement (ISI), ont mis sur pied des centaines de laboratoires de production d'héroïne. Durant cette décennie de commerce ouvert de la drogue, la US Drug Enforcement Agency à Islamabad s'est trouvé incapable de faire quelque saisie ou arrestation majeure que ce soit. [...] Les autorités étasuniennes ont refusé d'enquêter sur toute charge en rapport avec l'héroïne à l'égard de leurs alliés afghans « parce que la politique des États Unis relative à la lutte contre le narcotrafic en Afghanistan fut largement subordonné à la guerre contre l'Union soviétique ». En 1995, le directeur des opérations de la CIA en Afghanistan, Charles Cogan, avait admis que la CIA avait sacrifié la guerre contre la drogue pour se consacrer à la Guerre froide. « Notre mission principale était d'infliger le plus de dommages possible aux Soviétiques. Nous n'avions pas vraiment les ressources et le temps requis pour enquêter sur le commerce de la drogue. [...] Je ne crois pas que nous ayons à nous excuser de cela. Toute situation à ses inconvénients. [...] Il y a eu un inconvénient au niveau du narcotrafic, oui. Mais l'objectif principal a été atteint. Les Soviétiques ont quitté l'Afghanistan.

Au lendemain de la Guerre froide

Au lendemain de la Guerre froide, la région de l'Asie centrale n'est pas seulement stratégique pour ses réserves de pétrole : elle fournit à elle seule les trois quarts de la production mondiale d'opium, ce qui représente un revenu de plusieurs milliards de dollars pour les milieux d'affaires, les institutions financières et bancaires impliquées dans le lavage de l'argent sale, les agences de renseignement et le crime organisé. Le commerce de la drogue dans le croissant d'or rapporte entre 100 et 200 milliards USD par année, soit environ le tiers du chiffre d'affaire annuel du commerce mondial de la drogue (héroïne, cocaïne, etc), évalué (sans compter les retombées dans d'autres secteurs d'activité) par les Nations unies à environ 500 milliards USD.

Avec la désintégration de l'URSS, la production de l'opium avait pris un essor considérable. Selon les estimations des Nation unies, la production afghane d'opium en 1998-1999 - dates qui coïncident avec le développement d'insurrections armées dans les anciennes républiques soviétiques - avait atteint un niveau record, avec 4 600 mètres cube de production. De puissants groupes d'affaires de l'ex-URSS alliés avec le crime organisé se font concurrence pour le contrôle stratégique des « routes de l'héroïne ».

Le vaste réseau militaire des Services des renseignement pakistanais ne fut pas démantelé au lendemain de la Guerre froide. Par ailleurs, la CIA continuait d'appuyer la Jihad islamique par l'entremise du Pakistan. De nouvelles initiatives secrètes furent lancées en Asie centrale, dans le Caucase et dans les Balkans. L'appareil militaire ainsi que les Services de renseignement pakistanais ont essentiellement « servi de catalyseur pour la désintégration de l'URSS et l'émergence de six républiques musulmanes en Asie centrale ».

En parallèle avec ces actions en sous-main de la CIA, des missionnaires islamiques de la secte Wahhabite d'Arabie saoudite s'étaient installés dans ces républiques, de même qu'à l'intérieur de la Fédération russe, empiétant sur les institutions de l'État et de la société civile. En dépit de leur idéologie « anti-ÉUA », les actions fondamentalistes islamiques ont pourtant servi les intérêts stratégiques de Washington en ex-URSS...

La guerre civile afghane s'est poursuivie suite à la retraite des forces soviétiques en 1989. Les Talibans avaient reçu l'appui des Deobandis pakistanais et de leur parti politique, le Jamiat ul Ulema Islam (JUI). En 1993, le JUI s`était joint à la coalition du premier ministre Benazzir Bhutto. Des liens furent établis entre le JUI, l'armée et les Services des renseignements. En 1995, avec la chute du gouvernement Hezb i Islami de Hekmatyar, à Kaboul, les Talibans ont non seulement instauré un gouvernement islamique intégriste, mais ont aussi « confié le contrôle des camps d'entraînement afghans à des factions du JUI ».

Et le JUI, avec l'appui du mouvement Wahhabite, a joué un rôle majeur dans le recrutement de Mujahideen pour les Balkans et dans l'ex-URSS. Jane Defense Weekly confirme à cet égard que « la moitié des hommes et de l'équipement des Talibans provient des Services des renseignement pakistanais ».

En fait, il semblerait que, suite au retrait des troupes soviétiques, les différentes formations armées dans la guerre civile en Afghanistan ont continué à recevoir une aide en sous-main de la CIA par le biais des Services de renseignement pakistanais.

En d'autres mots, soutenus par l'ISI pakistanais lui-même contrôlé par la CIA, l'État islamique taliban a grandement servi les intérêts géopolitiques de Washington. Le commerce de la drogue dans le Croissant fertile a également servi à financer et équiper l'Armée musulmane bosniaque, dès le début des années 1990, et l'Armée de libération du Kosovo (UCK). Au cours des derniers mois, des mercenaires Mujahideen combattaient dans les rangs des terroristes de l'UCK impliquée dans la guerre civile en Macédoine. Et il est avéré que l'UCK est non seulement appuyé par l'Otan, mais elle est également en partie financée par la mission des Nations unies au Kosovo.

Cela explique sans l'ombre d'un doute pourquoi Washington a fermé les yeux sur le règne de terreur imposé par les Talibans, impliquant notamment des dérogations flagrantes aux droits des femmes, la fermeture des écoles de filles, le congédiement des employées de la fonction publique et l'imposition de la « loi pénale de la Sharia ».

La guerre en Tchétchénie

Les principaux leaders rebelles en Tchétchénie, Shamil Basayev et Al Khattab, ont reçu leur formation militaire et idéologique dans des camps d'entrainement financés par la CIA en Afghanistan et au Pakistan. Selon Yossef Bodansky, directeur du US Congress's Task Force on Terrorism and Unconventional Warfare, la guerre tchétchène fut planifiée durant un réunion secrète de Hizb Allah, tenue en 1996 à Mogadishu, en Somalie. De nombreux cadres supérieurs des Services de renseignement iranienne et pakistanaise, ont participé à cette réunion, à laquelle Oussama bin Laden était également présent. Le rôle de la ISI pakistanaise dans la guerre civile en Tchétchénie « va beaucoup plus loin que l'approvisionnement des Tchétchènes en armes et en expertise : les Service de renseignement pakistanais et ses mandataires islamiques radicaux sont en réalité ceux qui dirigent cette guerre ».

Le principal oléoduc russe traverse la Tchétchénie et le Daghestan. N'eut égard aux condamnations de pure forme du terrorisme islamique par Washington, les bénéficiaires indirects de la guerre tchétchène sont les géants pétroliers anglo-américains luttant pour le contrôle des ressources pétrolières et des oléoducs dans le bassin de la mer Caspienne.

Les deux principales armées rebelles tchétchènes (respectivement dirigées par le commandant Shamil Basayev et par l'émir Khattab), estimées à 35 000 hommes, furent financées par les Services des renseignement pakistanais. La ISI a aussi joué un rôle clé dans l'organisation et l'entraînement de l'armée rebelle tchétchène :

[En 1994], les Services des renseignement pakistanais ont organisé pour Basayev et ses lieutenants de confiance un endoctrinement islamique intensif et un entraînement de guérilla dans la province de Khost, en Afghanistan, dans le camp d'Amir Muawia, installé au début des année 1980 par la CIA et les Service de renseignement pakistanais et dirigé par le célèbre seigneur de guerre afghan Gulbuddin Hekmatyar. En juillet 1994, « diplômé » d'Amir Muawia, Basayev est transféré au camp de Markaz i Dawar, au Pakistan, pour y entreprendre un entraînement en tactiques de guérilla avancées. Au Pakistan, Basayev rencontrait également les plus hauts cadres des forces militaires et des services de renseignement : le ministre de la Défense, le général Aftab Shahban Mirani, le ministre de l'Intérieur, le général Naserullah Babar, et le directeur des Services de renseignement responsable pour l'acheminement de l'appui de la ISI aux causes islamiques, le général Javed Ashraf (tous maintenant à la retraite). Ces liens en haut lieu se montrèrent vite utiles à Basayev.

Suite à son entraînement et son endoctrinement, Basayev fut affecté pour mener un campagne militaire contre les troupes fédérales russes lors de la première guerre tchétchène de 1995. Son organisation avait également développé des liens étroits avec les consortiums criminels moscovites et avec le crime organisé albanais et l'UCK. En 1997-1998, selon le Service de la sécurité fédérale russe, « les seigneurs de guerre tchétchènes ont commencé à investir dans l'immobilier au Kosovo [...] par l'intermédiaire de plusieurs firmes immobilières enregistrées en Yougoslavie en guise de couverture.

L'organisation de Basayev fut également impliquée dans bon nombre de trafics, notamment les narcotiques, l'exploitation illégale et les sabotages d'oléoducs russes, le kidnapping, la prostitution, le commerce de faux dollars et la contrebande de matériaux nucléaires. Avec le blanchiment de l'argent de la drogue, les profits de ces activités criminelles furent également utilisés pour financer le recrutement de mercenaires et l'achat d'armes.

Pendant son entraînement en Afghanistan, Shamil Basayev s'est lié avec le commandant vétéran saoudien Mujahideen Al Khattab qui avait combattu en Afghanistan. Quelques mois après le retour de Basayev à Grozny, début 1995, Khattab fut invité à créer une armée installée en Tchétchénie pour l'entraînement de combattants Mujahideen. Selon la BBC, le voyage de Khattab en Tchétchénie fut « planifié grâce à l'appui de la Islamic Relief Organisation (IRO) basée en Arabie saoudite qui avait expédié des fonds en Tchétchénie. La IRO était financée par des mosquées ainsi que des dons de riches individus [associés aux milieux d'affaires saoudiens]. »

En conclusion

Depuis l'ère de la Guerre froide, Washington a sciemment soutenu Oussama ben Laden, tout en le plaçant sur la liste des « personnes les plus recherchées par le FBI ».

Alors que les Mujahideen sont impliqués dans des insurrection armées pour le compte des États-Unis dans les Balkans et en ex-URSS, le FBI, a pour mandat de mener aux États-Unis de mener une guerre au terrorisme. De toute évidence, il s'agit là non seulement d'actions contradictoires mais d'une politique qui s'avère mensongère à l'endroit des citoyens. Car la CIA depuis la guerre URSS-Afghanistan, appuie le terrorisme international par l'entremise de ses opérations secrètes.

Cruelle ironie, la même Jihad islamique, présentée par l'administration Bush comme « une menace contre l'Amérique » responsable des assauts terroristes contre le World Trade Center et le Pentagone constitue un instrument clé des opérations militaires stratégiques de Washington dans les Balkans et en ex-URSS.

Au lendemain des attaques terroristes de New York et de Washington, la vérité sur les liens entre le gouvernement américain et le terrorisme international doivent être dévoilés à l'opinion publique afin d'empêcher l'administration Bush et ses partenaires de l'Otan de se lancer dans une aventure militaire qui menace l'avenir de l'humanité.

 

MONDIALI

jeudi

Une histoire vieille comme le monde

 

Certains veulent des preuves ! Ils ont raison. En voici une, une très très grosse.

On ne cesse de répéter qu'Al Qaïda est une invention atlantiste qui a pour objectif la diabolisation du monde musulman afin d'envoyer quelques centaines de milliers de soldats y mourir et tuer au passage quelques autres centaines de milliers de civils. On le réitère : Al Qaïda, au grand dam des naïfs, romantiques, sentimentaux, haineux, racistes (chacun ses raisons), n'existe pas. On lui attribue des attentats qui sont perpétrés par les services occidentaux ou orientaux (aux ordres des premiers). Comme preuve les dernières révélations sur les attentats de Karachi. L'histoire lointaine ou récente nous donne tellement d'exemples qui, hélas,  ne nous servent jamais de leçon ! Le massacre des trappistes de Tibhirine par exemple ou plus loin dans le passé l'affaire Ali Baba en Irak, l'attaque du golfe du Tonkin, l'opération Gladio en Europe, la bleuite du colonel Amirouche, les armes de destruction massive irakiennes, l'attaque du Lusitania, l'incendie du Reichstag... etc. Que dire aussi, même si on est loin du sujet de cet article, du réchauffement climatiqueattentat karachi 2002 DCN et des précipitations neigeuses dans le sud du pays en plein mois de mai !

Bref, les états utilisent la technique de l'attentat attribué à un ennemi depuis tellement longtemps qu'il est difficile d'énumérer toutes les histoires connues. Maintenant parlons de cette affaire de Karachi et remettons-la dans le contexte initial. C'était en mai 2002, donc très vite après les attentats du WTC;  ce qui rendait l'implication de Beny la menace plus crédible. Le 12 novembre,  ce dernier nous gratifie d'une déclaration grave sur Al Jazira concernant plusieurs attentats dont celui de Karachi : « Au nom de Dieu le clément, le miséricordieux, de la part du serviteur de Dieu Oussama ben Laden, aux peuples des Etats alliés du gouvernement américain inique [...]. Ce qui s’est passé depuis les conquêtes de New York et Washington jusqu’à ce jour – comme les opérations contre les Allemands en Tunisie, contre les Français à Karachi, l’explosion du pétrolier français au Yémen, les opérations contre les marines à Faïlaka [Koweït], contre les Britanniques et les Australiens dans les explosions à Bali [Indonésie], ainsi que la dernière prise d’otages à Moscou, et quelques autres opérations ici et là – ne sont qu’une riposte de musulmans soucieux de défendre leur religion et de répondre à l’ordre de leur Dieu et de leur Prophète. Pourquoi vos gouvernements se sont-ils alliés à l’Amérique pour nous attaquer en Afghanistan, et je cite en particulier la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, le Canada, l’Allemagne et l’Australie ? »

Déclarations à l'emporte-pièce de l'ennemi public mondial numéro 1 incluant bien des actions dont il n'a aucune connaissance ! L'état pakistanais a trouvé facilement deux malheureux à présenter au monde. La pseudo enquête judiciaire a attribué l’attentat à un certain Asif Zaheer qui aurait fabriqué la bombe et à Mohammad Rizwan, chauffeur du véhicule. Condamnés à mort le 30 juin 2003, ils seront libérés le 5 mai de l'année dernière. 7 ans de prison pour pas grand chose, certainement ont-ils eu le tort d'être au mauvais endroit au mauvais moment2. Sans oublier qu'on a manqué de peu d'associer ces attentats avec celui de Daniel Pearl et là on aurait eu droit à un autre pavé de 800 pages de Bernard-Henry Botul . 800 pages de propagande et de mensonges médiatisés par des centaines d'interviews.

Entre temps, à Paris, Balladur (et son complice électoral de l'époque N. Sarkozy) a besoin de financement pour sa campagne présidentielle. Des millions de francs pour imprimer et afficher des millions de pélicans sur les murs de l'Hexagone, sans oublier les meetings, déplacements... etc. C'est le prix de la Démocratie... Pour des raisons internes à l'UMP, Balladur manque de fonds, il reçoit comme par magie, sur un tapis volant certainement, deux sacs de billets de 100 et 500 francs au Crédit du Nord ! 10 millions de FF, un milliard de centimes. Il est question de beaucoup d'argent. On parle alors de rétro commissions. Qu'est-ce que ce jargon de voyous ? Une commission, tout le monde le sait, est un petit 10% sur la totalité du contrat qui termine dans les poches de celui grâce à qui on a vendu les sous-marins ! C'est illégal, c'est grave mais on peut comprendre. Cette pratique ne colle pas avec la manie de nos politiques qui consiste à faire la leçon au monde entier sur l'humanisme universaliste hélas frelaté; mais c'est ainsi, on peut bien le comprendre. Seulement, la rétro commission, comme son nom l'indique, est un retour à l'envoyeur. L'argent que doit encaisser la DCN et qui appartient au peuple français  finit dans les poches de quelques obscurs dirigeants français impliqués dans la vente. Au lieu de payer les intermédiaires pakistanais de haut rang (Généraux... etc.), certains ont cru bon empocher les liasses de biftons. Donc, le second délit de cette affaire est constitué par le manque à la parole donnée, indigne de dirigeants qui se respectent, mais cela, on ne le sait que trop bien.

Grâce à l'intelligence et à la vigilance des familles des victimes, la vérité a fini par éclater ( mais elle sera certainement étouffée). Il ne nous reste donc plus qu'à poser les bonnes questions :

  • 1- Si les attentats de Karachi ne sont pas attribués à la nébuleuse qui fait si peur pourquoi donc les multiples autres attentats le seraient-ils ?!! Par quelle autre magie ou logique biscornue pourraient-ils l'être ?
  • 2- Si les attentats de Beny sont abjects, criminels, inhumains et islamisto-intégristes qu'en est-il des attentats étatiques ? Sont-ils condamnables de la même manière ? Le terrorisme gouvernemental est-il lui aussi ennemi de l'Humanité ou non ? Faut-il bombarder le Pakistan ?
  • 3- Pourquoi aucun journaleux ne fait le lien entre les faux attentats et l'existence même d'Al Qaïda ! Personne ne remet en cause la propagande atlantisto-sioniste !
  • 4- A présent que les coupables sont connus , qui va rendre justice ? Ces mêmes coupables ?

L'histoire récente nous montre des manipulations très graves des populations par des groupements secrets et très puissants. Je viens de finir la lecture d'un best-seller anglais Au nom de Dieu de David Yallop3. Celui-ci démontre l'assassinat du pape Jean-Paul 1er par la loge mafio-maçonnique P2 avec de très nombreuses preuves. Licio Gelli, Michele Sindona ou Roberto Calvi ont assassiné plusieurs personnes dont des procureurs, avocats... etc. Pour camoufler leurs assassinats, ils faisaient endosser les meurtres aux brigades rouges. Ces dernières étaient, elles aussi, manipulées par la CIA. Le marionnettiste (L. Gelli) a tout de même assassiné le PAPE ! Pour la version officielle, le pape est mort d'une crise cardiaque, certainement aidée par une ingestion de digitaline, mais là est une autre question. Je vous invite à lire ce livre de toute urgence pour comprendre ce qui se passe aujourd'hui,  même s'il s'agit d'une histoire datant de 1978. Ne dit-on pas que l'histoire se répète ?

Il est impossible de comprendre la réalité de ce monde si on ne comprend pas qui mène la danse. Si le peuple continue à croire aux versions farfelues des médias et autres puissants banksters, on ne s'en sortira jamais. Et, in fine, dans l'histoire de l'humanité que représente le 11/9 ?  Pas grand chose, au regard des dizaines de millions de morts des deux grandes guerres, des dizaines de millions de morts attribués au FMI et à la banque mondiale... etc. ! Relativisons quelque peu l'histoire moderne et usons d'un brin d'intelligence avant qu'il ne soit trop tard...

lelibrepenseur

 

Ben Laden avait revendiqué l’attentat de Karachi !

Vous le savez, la France est impliquée dans une fort sombre histoire de commissions détournées lors de l’achat par le Pakistan de trois sous-marins français. L’homme en cause est Edouard Balladur, bénéficiaire de l’argent, un argent versé sous le contrôle du ministre de 1784-1l’économie de l’époque : Nicolas Sarkozy. Je n’y reviens pas. Non, aujourd’hui, ce qui m’intéresse et m’interpelle dans cette sinistre histoire, c’est uniquement une information, aperçue au hasard de la relecture des événements. Et quelle ne fut pas ma surprise, ce faisant, ce constater que cet attentat, pourtant dûment imputé à l’armée Pakistanaise, mécontente du versement de ses bakchichs, avait bien été revendiqué, en son temps par Ben Laden ! Un attentat que son organisation n’avait donc pas commis, et qu’il se serait attribué sans vergogne ? Mais voilà qui pose question, sur l’homme lui-même, son organisation Al-Qaida pour ne pas la citer, et même notre propre gouvernement, qui avait lui aussi enfourché la thèse fourre-tout de l’implication du terrorisme façon Ben Laden ! J’ai souvent dit ici qu’Al-Qaida servait à tout, et qu’il n’était que ce que les gouvernements agitant le chiffon rouge de la terreur voulaient bien y mettre : c’est confirmé avec cet attentat qui n’a jamais rien d’islamiste, mais que l’on a taxé d’avoir été organisé par des islamistes d’Al-Qaida. Avec en prime une seconde découverte de taille quand on voit à qui il avait été attribué en premier… et par qui.

L’attentat de Karachi a eu lieu le 8 mai 2002. Le mois qui précédait, la chaîne de télévisions Al Jazira avait diffusé des extraits d’une interview d’Oussama ben Laden et d’Ayman al Zawahiri : un montage de films enregistrés en 2001, selon le FBI. Le 12 novembre 2002, la même chaîne Al Jazira diffusait une bande sonore cette fois contenant le message faisant allusion à l’attentat effectué six mois auparavant : « Au nom de Dieu le clément, le miséricordieux, de la part du serviteur de Dieu Oussama ben Laden, aux peuples des Etats alliés du gouvernement américain inique [...]. Ce qui s’est passé depuis les conquêtes de New York et Washington jusqu’à ce jour – comme les opérations contre les Allemands en Tunisie, contre les Français à Karachi, l’explosion du pétrolier français au Yémen, les opérations contre les marines àE.BALLADUR Faïlaka [Koweït], contre les Britanniques et les Australiens dans les explosions à Bali [Indonésie], ainsi que la dernière prise d’otages à Moscou, et quelques autres opérations ici et là – ne sont qu’une riposte de musulmans soucieux de défendre leur religion et de répondre à l’ordre de leur Dieu et de leur Prophète. Pourquoi vos gouvernements se sont-ils alliés à l’Amérique pour nous attaquer en Afghanistan, et je cite en particulier la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, le Canada, l’Allemagne et l’Australie ? »…

Dans cette cassette audio, donc (si facile à fabriquer !), Ben Laden endossait un costume bien large : celui de l’organisateur de TOUS les attentats de ces derniers mois dans le monde, comme étant la « riposte de musulmans soucieux de défendre leur religion et de répondre à l’ordre de leur Dieu et de leur Prophète » … Or aujourd’hui on sait qu’il n’y était strictement pour rien, pour Karachi ! Que peut on en conclure alors ? Que Balladur travaillait main dans la main avec Ben Laden, ou plus sérieusement que la longue liste d’attentats revendiqués à fort peu à voir avec Al-Qaida ? Et il est vrai, imaginer Ballamamouchi se balader en babouches au fond des grottes de Tora Bora pour signer le contrat dedes techniciens de la DCN volatilisés dans leur bus sous-marins (c’est Léotard qui l’avait fait !), avouons que cela était tentant, s’il n’y avait pas au bout la douleur des familles des techniciens de la DCN volatilisés dans leur bus !

Al-Qaida, impliqué également selon Ben Laden dans la prise d’otage du théâtre de Moscou, (où la police russe asphyxiera 129 personnes !) celle-là aussi je l’avais oubliée !!! Une prise d’otage décidée par Aslan Maskhadov selon Moscou, plutôt modéré face à Bassaev, qui n’avait aucun lien avec Al-Qaida ! Maskhadov niera fermement être responsable de cette prise d’otages. Non, dans cette longue série de revendications il semble bien y avoir avant tout appropriation ou captation d’attentats commis par d’autres : aurait-on attribué à Ben Laden des choses qu’il n’aurait pas faites ??? Pour sûr, et c’est aujourd’hui une évidence. C’est bien le principe expliqué par « Power of Nigthmares« , cette démonstration magistrale de la fabrication de l’épouvantail Al-Qaida !!!

Des attentats lui ont manifestement été attribués à tort. L’attentat sur l’île abandonnée de Falaïka du 8 octobre 2002, par exemple, cité par Ben Laden dans son communiqué, est celui mené contre un groupe de soldats US en entraînement américain au Koweït qui s’est fait attaquer et tiré dessus à un feu rouge, par deux individus passés en trombe en Toyota, balançant une rafale de Kalachnikov au passage. Un acte totalement délibéré. Les deux assaillants s’appelant Anas Ahmad Ibrahim al-Kandari, 21 ans, et Jassem Mubarak al-Hajri, 26 ans. Les premiers commentaires US parlent en effet d’un acte délibéré, et non ordonné de l’extérieur, d’un coup de folie de deux jeunes révoltés. Selon ces témoignages, ils voulaient ainsi « venger des palestiniens tués par Israël« , un événement visionné la veille par eux à la télévision, selon les dires de l’un des deux.

Le lendemain, c’est un tout autre son de cloche : comme le premier à un nom ressemblant à celui de prisonniers de Guantanamo, on annonce un lien « possible » avec Al-Qaida.« Il semble que cela pourrait être lié à Al-Qaïda, » déclare dans le NYT un fonctionnaire américain a propos de l’attaque « mais nous ne savons pas si ces deux hommes ont lancé l’attaque par eux-mêmes ou sous la direction d’ autres ». La propagande et la récupération se mettent en en marche. Deux jours après l’un des deux aurait été paraît-il entraîné dans un des camps de Ben Laden, mais « on en ignorait la date ». Au bout de trois jours, les voilà dûment estampillésAl-Qaida. Le tour de passe-passe habituel ! On oublie de citer les noms des deux touchés, Michael Rene Pouliot (décédé), travaillant pour Tapestry Solutions une société de logiciels, et David Caraway (blessé), qui ne sont pas des militaires mais des « contractants » civils.

Mais la presse américaine, qui n’a pas grand chose alors à se mettre sous la dent après la fuite de Ben Laden de Tora Bora, se met à broder abondamment comme elle sait le faire. Dans le Time, le 11 octobre, on verse vite dans le grandiloquent : « l’attaque avait toutes les marques d’une opération suicide bien planifiée, puis on affirme que « les autorités pensent que les tueurs étaient – tout au moins – des islamiques extrémistes, et qu’ils pourrait bien avoir eu des liens directs avec le réseau d’Oussama ben Laden, d’al-Qaïda ».Voilà, c’est pesé et emballé : d’un acte délibéré, un coup de sang ou de folie, on passe à un attentat « planifié » à l’avance… par Ben Laden. Tout heureux, on suppose, de se voir attribué la paternité du crime !

Mieux encore : à partir d’un seul mort, qui semble bien un acte isolé, voici la conclusion sidérante que tire le Time : « Mais l’incident Falaika, précédé par ce qui apparaît désormais par ce qui a été un attentat suicide la semaine dernière sur un pétrolier au large la côte du Yémen, et suivie d’une tentative d’attaque sur un Humvee transportant des troupes américaines au Koweït un jour plus tard, est peut-être le signal inquiétant qu’al-Qaïda a l’intention de profiter au maximum de la confrontation de plus en plus croissante de l’Amérique avec l’Irak ». On traduit : le journaliste qui écrit ça traduit les lanternes de Dick Cheney en vessies : l’Amérique prépare alors l’invasion de l’Irak de Saddam Hussein, et souhaite y mêler Ben Laden, alors que les deux personnages, on le sait aujourd’hui, n’ont aucun rapport entre eux. Alors on touille la tambouille à infos pour y parvenir. Bref, l’incident de Falaïka, au demeurant un acte bien isolé au départ, a été monté en épingle et montré comme une action commando envoyée par Ben Laden, ce qu’il n’a jamais été à la base. On fabrique l’information, on la transforme, on en fait un instrument de propagande valorisant… Ben Laden ! Pour l’attentat contre le pétrolier français Limbourg, c’est L’Armée islamique d’Aden-Abyane, de Tarek Al Fadhli qui a revendiqué l’attentat : même si les deux personnages se connaissent, Ben Laden n’y est strictement pour rien. Un attentat récupéré de plus ! Le label Al-Qaida est apposé, mais ce sont les boutiques franchisées qui agissent ! Al-Qaida, c’est bien un tampon apposé sur des actes séparés !

Pour l’attentat contre une synagogue de Djerba, en Tunisie, qui avait fencore. L'auteur de l’attentat est Nizar Naouar, « un musulman non pratiquant » mort dans l’attentat : un lyonnais d’origine. Là aussi, c’est assez coton : Nizar était équipé d’un téléphone portable satellitaire (acheté 1829 euros en France), et l’étude de son dernier appel pointe vers le… Pakistan. Là on va vite noyer le poisson en affirmant que c’était à Karachi, et qu’à l’autre bout du téléphone « c'était » Khalid Cheik Mohammed…. l’artificier en chef déclaré du 11 septembre. RappelonsChristian Ganczarski, lundi 5 janvier, à la cour d'assises spéciale de Paris. qu’il sera arrêté le 28 février 2003 à Rawalpindi, au Pakistan, lors d’une opération conjointe de ait 21 morts, parmi lesquels 14 touristes allemands, le 11 avril 2002 c’est autre chose la CIA et de l’ISI restée bien mystérieuse encore à ce jour. Selon certains, ce n’était même pas à Rawalpindi, et ce n’était pas à cette date mais bien avant… Rawalpindi, le fief de l’armée pakistanaise et de l’ISI ! L’homme le le plus recherché au monde avec Ben Laden habitait au milieu du quartier des services secrets pakistanais ! Où rôdait également la CIA ! Voilà qui est trop fort !

L’arrestation coïncidait au moment où Bush était au plus bas avec sa « guerre à la terreur » et n’avait arrêté aucune figue majeure recherchée. Or le fameux Cheik arrêté avait bien des choses à cacher : en 1993, des enquêteurs US étaient tombés sur des clichés de Sheikh Mohammed et de son frère en compagnie d’associés proches de Nawaz Sharif, l’ancien premier ministre du Pakistan, et un opposant au père de Benazir Bhutto (et renversé par Musharraf en 1999, après son retour au pouvoir). Ceci peu de temps avant l’explosion de 1993 du WTC, où beaucoup ont vu la main de l’ISI Pakistanaise. Le Pakistan, haut lieu des magouilles entre la CIA, l’ISI et les services secrets indiens (voir l’attentat de Mumbaï et le rôle de l’américain David Headley). Nawaz traîne derrière lui une lourde casserole marquée Al-Qaida : le 21 mars dernier, un ancien responsable de l’ISI, Khalid Khawaja  évoquait ses rencontres avec Ben Laden en personne. Selon lui, il y en aurait eu cinq.

L’histoire est ancienne et date des années 90 : « Gul Hamid, Nawaz Sharif, et Oussama ben Laden ont conspiré pour assassiner le Premier ministre pakistanais Benazir Bhutto. Haqqani Husein, un journaliste pakistanais qui prétend avoir été impliqués dans le complot, dira plus tard qu’ Hamid Gul, Directeur de l’ISI avait contacté Oussama ben Laden, qui était alors connu pour fournir un soutien financier aux moudjahidin afghans, à payer pour un coup d’Etat et l’assassinat de Bhutto. Gul a également apporté Nawaz Sharif, le gouverneur de la province du Pendjab et un rival de Benazir Bhutto, dans la discussion. Bin Laden s’engagait à fournir 10 millions de dollars à condition que Sharif transforme le Pakistan en un strict Etat islamique, ce qu’a accepté Sharif. (extrait de LEVY et Scott-CLARK, 2007, pp. 193-194 Bhutto) Bhutto n’a pas été assassinée à cette époque, mais Ben Laden aurait aidé Sharif à remplacer Bhutto un an plus tard (en Octobre 1990) ». Gul, en interview, en décembre 2008 affirmera sans hésiter qu’Al-Qaida n’était pour rien dans le 11 septembre, et que les attentats étaient bien un « inside job », « planned in america »… « l’ambition de quelques uns« , selon lui. On songe au terrible testament de Kennedy, celui de sa déclaration… où il mettait en garde contre le « gouvernement invisible« ... qui finalement, aurait sa peau.

Un Pakistan où l’ISI règne en maître, plus ou moins en accord avec la CIA, et où la DGSE, véritablement, est larguée et fait figure d’amateur. Complètement larguée : au bout de trois ans de recherches sur l’attentat de Karachi elle l’attribue à… Al-Qaida : dans son rapport du 8 avril 2005 elle écrit en effet « les derniers renseignements recueillis permettent de considérer qu’Abou Faraj al-Libi, responsable des opérations d’Al-Qaida, est impliqué dans la formation et le financement des auteurs de cette action »… Abou Faraj al-Libi est jeté en prison le lendemain de la déclaration de la DGSE…, voilà qui devient plus facile à démontrer, pense-t-on. Abou Faraj al-Libi est un énième « numéro 3″ d’Al-Qaida, alors soupçonné d’avoir attenté à la vie de Pervez Musharraf. Le 6 juillet 2005, la DGSE remet ça et accuse Abou Faraj al-Libi d’avoir « joué le rôle d’intermédiaire entre un cadre au sein d’Al-Qaida restant à identifier et les protagonistes de l’attentat ». On croit donc que les français savent tout et bing : « L’identité du véritable commanditaire est encore inconnue, en revanche son appartenance à Al-Qaida ne fait plus de doute. » Bref, la DGSE est très, très forte : elle ne sait pas ce qu’est cet « intermédiaire », mais elle sait déjà qu’il fait partie d’Al-Qaida !

Vu de l’extérieur, l’enquête de la DGSE sent le bidonnage complet, à reprendre mot pour mot le vocabulaire américain et ses phrases qui ne veulent rien dire. La DGSE se doute bien qu’Al-Qaida n’y est pour rien, elle organisera même une opération de représailles contre les vrais commanditaires, mais elle le dit quand même officiellement : sur ordre de qui ? De Michèle Alliot-Marie, dont elle dépend (« elle est sous l’autorité du ministre français de la Défense« ), sans nul doute, l’ancienne ministre de la Jeunesse et des Sports dans le gouvernement Balladur, où elle sera longtemps celle qui tentera de rabibocher Balladuriens et Chiraquiens. Le 9 septembre 2005, nouvelle note de la DGSE, pour tenter de se trouver un coupable présentable : selon un cadre d’Al-Qaida (?) l’opération a été financée par Al-Qaida et réalisée par un groupe pakistanais local, le HUMAA ». Al-Qaida, sauveur ici du mentor d’Alliot-Marie : elle, si prompte à fustiger le terrorisme d’ultragauche, à pourchasser les bloqueurs de TGV, obligée d’en recourir à un groupe terroriste mythique pour faire passer les couleuvres de transactions pas très recommandables ?

On s’est toujours demandé pourquoi Alliot-Marie restait en place dans le dispositif Sarkozy : maintenant on le sait. Car elle, sait surtout ce qui s’est passé à Karachi, qui n’a pas intérêt à éclater au grand jour : le grand argentier de l’affaire étant l’actuel président ! On se croirait presque dans un roman de Claude Thévenet ! L’attentat de Karachi, c’est « Opération Dédale«  ! La situation est inattendue ! Mais sans remords aucun : après tout, c’était bien Al-Qaida et Ben Laden qui avaient revendiqué l’attentat en premier, non ?

L’attentat de Karachi, pourrait donc aussi s’intituler « du bon usage de Ben Laden » : les services secrets français avaient auraient focalisé sur la piste Ben Laden comme les américains ou les sites de « surveillance » comme le MEMRI, IntelCenter ou Site montrent du doigt invariablement Ben Laden, repoussoir aux coups tordus que les Etats commettent. Pour Alliot-Marie, c’est du pain béni, l’existence de Ben Laden. Plus on focalise sur lui, moins on parlera des transactions ayant mené aux rétrocomissions. Via l’ISI… et obligatoirement la DGSE, sous le regard amusé de… Claude Thévenet. L’auteur du fameux rapport Nautilus, celui qui parle des rétro-commissions.

Un terroriste nommé Ben Laden, donc, tellement pratique pour occulter ce qui n’est en définitive qu’un terrorisme d’état, où là 11 ingénieurs français sont morts. « Si l’attentat de Karachi est vraiment le résultat d’un guéguerre entre services secrets pour une histoire de commission non versée, bref un règlement de compte entre mafieux, et que Ben Laden et Al Qaïda revendiquent cette attaque, alors nous pouvons légitimement nous dire que Ben Laden et son organisation ne sont que les faire valoir des services secret dans le monde. Une sorte d’alibi, de passe partout à utiliser pour travestir la réalité et en tant que PSYOPS pour manipuler la perception mentale selon les zones géographiques données ». Ben Laden, un alibi dont tout le monde se sert ? Ça devient de plus en plus évident !

centpapiers

mercredi

Chavez et les FARC

 

La Colombie, Interpol et le cyberguérillero 

Ordinateurs bavards, journalistes peu regardants


Apparemment, la médiation entreprise par le président vénézuélien Hugo Chávez dans l’affaire des otages des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) a dérangé. Pourtant, grâce à elle, sept personnes ont retrouvé la liberté, et d’autres avancées pouvaient être espérées. Au terme de l’épisode obscur qui a abouti à la mort du commandant des FARC Raúl Reyes, M. Chávez mais aussi le chef de l’Etat équatorien Rafael Correa se retrouvent mis en accusation par Washington et Bogotá. Sur quelles bases et avec quel degré de crédibilité ?

Premier mars 2008, minuit vingt-cinq. Avec une précision implacable, la première des dix bombes « intelligentes » guidées par GPS atteint sa cible. Nous ne sommes pas au Proche-Orient. La scène se déroule en Equateur, à moins de deux kilomètres de la frontière colombienne. Là où le rio Putumayo sépare les deux pays. Quatre hélicoptères Blackhawk OH-60 surgissent de la nuit. A bord, quarante-quatre commandos spécialement sélectionnés au sein de la Force de déploiement rapide de Colombie (Fudra). Ils n’ont pas à combattre. Dans le campement provisoire des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), ravagé par les explosions, gisent vingt-trois corps. Tués en plein sommeil. Parmi eux, Raúl Reyes, numéro deux et « ministre des affaires étrangères » de la guérilla. Son cadavre est emporté comme un trophée.

Tôt le matin, le président colombien Alvaro Uribe contacte son homologue équatorien Rafael Correa. Il lui explique la situation : attaquées depuis l’Equateur, les unités héliportées colombiennes, en état de légitime défense, ont dû répliquer et poursuivre les rebelles. Mais, assure-t-il, comme le fera dans la matinée son ministre de la défense Juan Manuel Santos, les tirs ont été effectués depuis le territoire colombien, « sans violer l’espace aérien équatorien ».

Dans un premier temps, M. Correa croit en la parole du président colombien. Ils se téléphonent tous les jours et entretiennent des rapports amicaux. Deux semaines auparavant, en privé, devant un café, M. Correa n’a-t-il pas confié à un proche conseiller du chef d’Etat vénézuélien : « Dis à [Hugo] Chávez que je m’entends très bien avec Uribe et que, s’il veut, je peux aider à arrondir les angles entre eux » ?

M. Correa se sent trahi quand des militaires équatoriens se rendent sur les lieux et que la vérité se fait jour : non seulement les Colombiens ont violé le territoire équatorien, mais, ajoute-t-il lors de sa conférence de presse du 2 mars, il s’est agi d’« un massacre ».

Des officiers qui travaillent pour la CIA

La mort du chef guérillero déclenche une crise aux multiples dimensions. Quito rompt ses relations diplomatiques avec Bogotá et envoie onze mille hommes à la frontière. Immédiatement imité par Caracas, qui expédie dix bataillons aux confins de la Colombie. Décision mûrie plus que réaction irraisonnée. « Nous ne voulons pas la guerre, avertit M. Chávez, mais nous ne permettrons pas à l’Empire, ni à son petit chien, de venir nous affaiblir. » Et d’intervenir, en toute impunité, sur le territoire de ses voisins.

Le mot « condamnation » ne sera pas adopté, mais tous les gouvernements sud-américains « rejettent » l’incursion colombienne. Au nom de la « lutte contre le terrorisme », les Etats-Unis soutiennent Bogotá. Interrogé, le sous-secrétaire adjoint du département d’Etat pour l’hémisphère occidental, M. Craig Kelly, explique : « Ce que nous avons dit est, premièrement, qu’un Etat doit se défendre contre la menace du terrorisme et que, quand on parle de frontière, il faut envisager le contexte général, c’est-à-dire une violation continue des frontières de la part des FARC. » Nouvelle question du journaliste : « Cela signifie-t-il, par exemple, que si le Mexique poursuivait des narcotrafiquants sur le territoire américain, les Etats-Unis ne feraient aucune objection à l’entrée de troupes mexicaines sur leur territoire ? » Réponse : « Je ne vais pas entrer dans une discussion théorique... ».

On a spéculé sur la nature des aéronefs utilisés pour le bombardement high-tech du 1er mars. Cinq Supertucanos EMB-314 (de fabrication brésilienne) et trois bimoteurs A-37 (américains) de l’armée de l’air colombienne ayant décollé de la base de Tres Esquinas (Caquetá) ont été évoqués. Les bombes utilisées ne peuvent en aucun cas être lâchées depuis ce type d’avions. Une seule certitude : ces armes ultra-sophistiquées ont fait beaucoup de dégâts lors de l’invasion de l’Irak...

L’ombre de Washington plane à nouveau lorsque M. Correa découvre certaines... anomalies. Et, surtout, quand il constate que son état-major lui a menti. La tension atteint son paroxysme lorsque le général Jorge Gabela, commandant de la force aérienne, lui explique que le radar le plus proche de Santa Rosa (zone où se trouvait le campement des FARC) ne fonctionnait plus depuis plusieurs jours parce qu’il était... en maintenance. En limogeant le chef des services de renseignement, le colonel Mario Pazmiño, M. Correa s’emporte : « Il y en a assez de ces services de renseignement qui sont, aussi, financés par l’ambassade des Etats-Unis. (...) Il y a des officiers qui travaillent pour la CIA [Central Intelligence Agency] avant de travailler pour le gouvernement !»
Le président remplace le ministre de la défense Wellington Sandoval par un de ses proches, M. Javier Ponce. Cette reprise en main provoque la démission du chef du commandement conjoint des forces armées et des chefs de l’armée de terre, de la marine et de l’aviation.

Les premières salves s’abattent sur ce président qui dérange. N’a-t-il pas annoncé, lors de sa campagne électorale, qu’il fermerait la base américaine de Manta ? La concession de ce poste d’opération avancé (Foreign Operating Location, FOL en anglais), loué aux Etats-Unis en 1999, arrivera à expiration en 2009. Le 28 février, l’Assemblée constituante réunie pour « refonder le pays » a adopté un article qui établit : « L’Equateur est un territoire de paix qui ne permet pas l’établissement de bases militaires étrangères. » Disposant d’une technologie de pointe, Manta est l’une des pièces maîtresses de l’aide militaire de Washington à la Colombie. Lors de l’opération du 1er mars, la base a permis le contrôle de l’espace aérien.
Bogotá ouvre le feu en annonçant que, lors de son raid, l’armée colombienne a saisi un (il y en aura bientôt trois, et plus...) ordinateur portable appartenant à Reyes. Et que ce matériel a lâché de terribles secrets : les présidents Chávez et Correa entretiennent avec les FARC des liens incestueux.

En l’absence de certitudes surgissent les premières interrogations. Le campement principal de Reyes se trouve en Colombie, à proximité de la frontière. Les FARC disposent, dans cette région du Putumayo, d’innombrables caches, planques, abris et camps. Mais le commandant guérillero passe dans le pays voisin avec (finalement) trois ordinateurs, deux disques durs et trois clés USB. Ne manquent que son coffre-fort et son téléviseur portable ! Le bombardement a fait vingt-trois victimes ; les dix bombes, d’après l’armée équatorienne, ont creusé des cratères de 2,40 mètres de diamètre sur 1,80 mètre de profondeur ; alentour, la végétation est ravagée. Les ordinateurs, eux, ne subissent aucune détérioration. Possible, mais...

Les portables ont parlé. Fer de lance d’une campagne permanente contre les gouvernements progressistes d’Amérique latine, le quotidien espagnol El País ne se pose pas de questions. Le 12 mars, ses lecteurs apprennent sous le titre « Les FARC trouvent refuge en Equateur » que « les guérilleros se déplacent dans le nord de l’Equateur en camionnette, comme l’a constaté un fonctionnaire de l’OEA [Organisation des Etats américains], qui exprime, en privé, son étonnement de croiser, dans des restaurants (comedores) de la zone frontalière, des guérilleros parfaitement équipés ». Ce que ne sauront pas les mêmes lecteurs, c’est que, le 15 mars, dans une lettre adressée au directeur de la publication, le secrétaire général de l’OEA José Miguel Insulza exprime sa « stupeur » et son « indignation » : « Je peux vous assurer que cette affirmation est absolument fausse. L’OEA n’a pas de missions spéciales, ni de fonctionnaires de quelque niveau que ce soit déployés sur la frontière nord de l’Equateur, de sorte qu’il est impossible que quelque fonctionnaire de cette organisation ait pu formuler une telle déclaration. »

Bloquer la négociation

Toujours est-il que Reyes et son groupe de combattants se trouvaient en Equateur. Depuis de longs mois, le commandant guérillero était le principal contact de tous les émissaires français, suisses, espagnols, vénézuéliens, équatoriens qui négociaient avec les FARC la libération de ses prisonniers et otages, parmi lesquels la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt.

Faisant preuve d’une intransigeance absolue, le mouvement d’opposition armée a longtemps exigé une conversation directe avec le gouvernement colombien. Il y aurait « échange humanitaire » otages contre guérilleros ou rien. Avec un objectif éminemment politique : retrouver, grâce à ce tête-à-tête, un statut de belligérant. Placées en 2002 sur la liste des organisations terroristes, les FARC n’ont jamais accepté cette qualification. Cet « échange » et cette reconnaissance, M. Uribe n’en veut à aucun prix.

La médiation entreprise par M. Chavez, le 31 août 2007, chamboule, en quelques mois, une situation bloquée depuis 2002. La guérilla libère sans conditions sept de ses prisonniers. Faisant dire à Caracas : « Les FARC entrent dans une logique plus “politique”, c’est bon signe pour la suite des événements. » A la grande frustration du président colombien qu’irritent au plus haut point les images d’otages remerciant chaleureusement des membres du gouvernement vénézuélien tout de rouge vêtus.

De fait, à Caracas, les conversations se poursuivaient ouvertement, par l’intermédiaire des commandants des FARC Iván Marquez et Rodrigo Granda . Et parfois même avec Reyes, dans le fameux campement établi sur le sol équatorien. Paris le savait. Quito également. Détail troublant : une semaine avant l’opération du 1er mars, des émissaires français rencontrent à Panamá M. Luis Carlos Restrepo, haut-commissaire pour la paix colombien. Celui-ci insiste auprès de ses interlocuteurs : « Maintenez le contact avec Reyes. C’est lui qui va vous aider, c’est votre homme, c’est lui qui va faciliter la libération d’Ingrid [Betancourt]. » De quoi expliquer l’extrême fureur de M. Correa : « Regardez la bassesse d’Alvaro Uribe ! Il savait qu’en mars douze otages allaient être libérés, dont Ingrid Betancourt. Il le savait et il a utilisé ses contacts pour monter ce traquenard. » Tuer le négociateur a toujours été le meilleur moyen de bloquer une négociation.

Cet aspect de la question va passer au second plan. Le 3 mars, le général Oscar Naranjo, directeur général de la police colombienne, fait un éblouissant numéro devant les journalistes. S’appuyant sur le matériel informatique « saisi près du corps de Reyes », il révèle l’« alliance armée entre les FARC et le gouvernement du Venezuela », ainsi que les liens politiques et économiques (lors de sa campagne électorale) entre M. Correa et la guérilla.

Ni désir de vérité ni réflexe de précaution ! Journaux et télévisions se déchaînent. Sur la base de « documents explosifs » (issus des fameux ordinateurs) aimablement « filtrés » par les services de renseignement colombiens, le quotidien colombien El Tiempo propriété de la famille Santos, à laquelle appartiennent le vice-président Francisco et le ministre de la défense Juan Manuel) et l’espagnol El País mènent le bal.

Dès le 4 mars, El País titre « Bogotá dévoile les appuis des FARC ». Dans « Les papiers des FARC accusent Chávez » (El País, 10 mai), premier article d’une série de Maite Rico, on apprend que « Chavez a approuvé sans un haussement de sourcils [une] demande de 300 millions de dollars (194 millions d’euros) » de la guérilla. Le 12 mai suivra l’article dénoncé par le secrétaire général de l’OEA. On découvrira plus tard que « les groupes liés au chavisme (...) viennent régulièrement [s’entraîner] dans les campements des FARC au Venezuela » (Maite Rico, 11 mai). Il existerait même des listes d’attente pour participer à ces « stages » !

Quand The Economist (« The FARC files », 24 mai) évoque la générosité de M. Chávez 300 millions de dollars à l’égard des FARC, il mentionne comme source de ses informations (exclusives ?) un message de Reyes reproduit dans El País et l’hebdomadaire colombien Semana. Poursuivant son travail d’investigation, il cite un document obtenu par... The Wall Street Journal : « Le ministre de l’intérieur vénézuélien, M. Ramón Rodríguez Chacín, a demandé aux FARC d’entraîner des soldats vénézuéliens aux tactiques de guérilla. » On ignore si The Wall Street Journal a lui-même recopié The Miami Herald, qui a sorti la même affirmation.

Le plus baroque succède au plus improbable. Entre 2000 et 2002, les FARC et Euskadi ta Askatasuna (ETA) ont planifié un attentat à Madrid contre des personnalités colombiennes l’actuel vice-président Santos, l’ancien chef de l’Etat Andrés Pastrana et l’ex-ambassadrice en Espagne Noemí Sanín (El Tiempo, 2 juin). Attentat qui, jusqu’à preuve du contraire, n’a pas été revendiqué (et pour cause !). Mais les FARC essaieraient d’acquérir de l’uranium pour fabriquer une « bombe sale » (BBC Mundo, 5 mars 2008). Toujours d’après les « documents de Reyes », l’amitié de M. Chávez car on en revient toujours là avec les rebelles colombiens remonte au moins à 1992 : incarcéré pour sa tentative de coup d’Etat (4 février), il a reçu 150 000 dollars des FARC (Le Figaro, 5 mars, et The Wall Street Journal, 11 mars). Sans doute dépensés à la cantine de la prison ! En effet, lors de sa libération, en 1994, sans moyens, il a dû se faire héberger dans un petit appartement du centre de Caracas appartenant à son futur ministre de l’intérieur Luis Miquilena, qui lui a également prêté une voiture.

Tout en se montrant plus prudent dans le corps de l’article, Le Monde (12 mars) chapeaute un texte évoquant un déserteur de la guérilla : « A en croire le déserteur, un chef des FARC, Iván Marquez, et leur dirigeant historique, Manuel Marulanda, séjourneraient au Venezuela. » C’est ce qui restera dans l’esprit du lecteur. Tout comme le titre du Figaro : « Liaisons dangereuses entre les FARC et Chávez » (15 mai).

Inutile de préciser qu’au Venezuela les quotidiens El Nacional et El Universal, comme les chaînes privées Radio Caracas Televisión (RCTV) et Globovisión, boivent du petit lait. Ils relaient avec enthousiasme le gouverneur de l’Etat de Zulia et ex-candidat à l’élection présidentielle Manuel Rosales lorsque celui-ci accuse le président Chávez de « trahison de la patrie ».

L’un des multiples éditoriaux du Washington Post consacrés au Venezuela pourrait résumer à lui seul la nature de cette formidable campagne médiatique : « Si le scandale des ordinateurs est utilisé de manière adéquate [c’est nous qui soulignons], il approfondira le trou dans lequel cette supposée “révolution bolivarienne” est en train de se noyer. »

D’où sortent les documents ?

Oui, mais... Car il y a un « mais ». Comment mettre en doute la véracité de documents dont l’authenticité a été confirmée par l’International Criminal Police Organization plus connue sous le nom d’Interpol ? Argument imparable sur lequel s’appuient tant Bogotá que l’ensemble du grand cirque médiatique. En examinant quelques détails non dépourvus d’intérêt...

C’est le 4 mars que le général Naranjo a sollicité Interpol pour une expertise indépendante du contenu des « huit pièces à conviction informatiques ». L’organisation ayant accédé à cette demande, son secrétaire général, l’Américain Ronald K. Noble, présente son rapport, à Bogotá, le 15 mai. On passera rapidement sur l’hommage appuyé qu’il rend, lors de sa conférence de presse, au général Naranjo, assis près de lui, et au Département administratif de sécurité (DAS), la police politique. Pour la petite histoire, M. Naranjo, ex-chef de la police antidrogue colombienne, a été obligé de démissionner après la détention de son frère Juan David en Allemagne, en mars 2007, pour... narcotrafic. Il est mis en cause par le ministre de l’intérieur vénézuélien, M. Rodríguez Chacín, pour ses liens avec le « narco » Wilmer Varela (assassiné le 29 février 2008). Quant au DAS, son ancien directeur Jorge Noguera a été arrêté le 22 février 2007 pour avoir mis au service des paramilitaires les ressources de la police politique.

D’après le rapport et les déclarations de M. Noble, le champ d’intervention d’Interpol s’est limité à « établir quelles données contenaient les huit pièces à conviction (...) ; à vérifier si les fichiers utilisateur avaient été modifiés de quelque façon que ce soit le 1er mars 2008 ou après cette date ; à déterminer si les autorités colombiennes (...) avaient traité et examiné les huit pièces à conviction (...) conformément aux principes reconnus au niveau international (...). » Mais « la vérification n’implique ni la validation de l’exactitude des fichiers utilisateur [les « documents » !] ni la validation de l’interprétation de quelque pays que ce soit relativement à ces fichiers utilisateur (...) ».

En d’autres termes, les experts d’Interpol (originaires de Singapour et d’Australie, et ne parlant pas espagnol) n’ont pas examiné les contenus. Et pour cause... Dans les 609,6 gigaoctets des huit « pièces à conviction » figuraient : 37 873 documents écrits ; 452 feuilles de calcul ; 210 888 images ; 22 481 pages Web ; 7 989 adresses de courriels (aucune référence à des courriers électroniques, pourtant abondamment cités par les médias) ; 10 537 fichiers multimédias (son et vidéo) ; 983 fichiers chiffrés. « En termes non techniques, un tel volume de données correspondrait à 39,5 millions de pages pleines au format Word de Microsoft et, si la totalité des données saisies étaient au format Word, il faudrait plus de mille ans pour prendre connaissance de toutes à raison de cent pages de lecture par jour. »

Beaucoup pour un seul homme, fût-il Reyes, se déplaçant sans cesse dans la jungle, vivant dans les conditions précaires du guérillero, et qui n’avait que 60 ans lorsqu’il est mort ! Pas trop, néanmoins, pour le gouvernement colombien qui, en quelques heures, puis, ensuite, à jet continu, divulgue les révélations dénichées dans les mémoires informatiques. Pas trop non plus pour nombre de journalistes qui mettent en musique les « documents » (authentifiés par Interpol !) que des mains innocentes leur confient.

Par son manque de rigueur, le rapport laisse parfois perplexe. Ainsi, lorsqu’il mentionne « Reyes et Guillermo Enrique Torres, alias Julián Conrado, commandants des FARC, sont morts pendant l’opération ». Bogotá, qui avait annoncé la mort de Conrado, le 1er mars, a dû démentir après un examen ADN pratiqué sur le seul corps (avec celui de Reyes) rapatrié par son commando. De même, la formule « les FARC ont été déclarées organisation terroriste par la Colombie, d’autres gouvernements et Interpol » mériterait d’être nuancée : cette qualification n’a été adoptée que par les Etats-Unis, la Colombie, le Pérou, l’Union européenne et Israël (trente et un pays), soit 17 % du total des membres d’Interpol (cent quatre-vingt-six pays membres).

Plus significatif encore... Les phrases « Les huit pièces à conviction (…) saisies aux FARC appartenaient à Raúl Reyes » et « les huit pièces à conviction saisies aux FARC » devraient pour le moins être rédigées de la façon suivante : « Les pièces à conviction remises à Interpol par les autorités colombiennes. » L’organisation policière se contente de reprendre la version de Bogotá, aucun témoin n’ayant assisté à la supposée récupération du matériel près du corps des guérilleros. Ce qui arrachera cette exclamation au président Correa, lors de sa visite à Paris, le 13 mai : « Qui va démontrer que les ordinateurs ont bien été trouvés dans le camp des FARC ? »

Dans un premier courrier envoyé à Interpol, le 4 mars, pour solliciter son aide, le général Naranjo évoque « trois ordinateurs et trois  dispositifs de stockage USB ». Dans sa réponse datée du 5 mars, M. Noble accepte, au nom de l’organisation, de faire examiner « trois  ordinateurs et trois clés USB ». Mais, le 6 mars, dans une lettre de la directrice du DAS Maria del Pilar Hurtado à Interpol, le matériel concerné devient « trois ordinateurs portables, trois clés USB et jamais mentionnés jusque-là deux disques durs ». D’où sortent ces disques durs ? Etaient-ils passés inaperçus ?

En substance, le rapport conclut qu’« aucune donnée n’a été créée, ajoutée, modifiée ou supprimée sur aucune de ces pièces entre le 3 mars 2008, à 11 h 45 [jour et heure de leur réception par le groupe d’enquête sur les infractions informatiques de la police judiciaire colombienne], et le 10 mars 2008, lorsque ces pièces ont été remises aux experts d’Interpol afin de créer des images-disques ». Il affirme également que « l’accès aux données (...) [pendant la même période] a été effectué conformément aux principes reconnus au niveau international en matière de traitement des éléments de preuve électroniques (...) ».

Mais entre le 1er (date de la saisie supposée) et le 3 mars ? Un agent de l’unité antiterroriste colombienne « a accédé directement au contenu des huit pièces à conviction (...) dans des conditions d’extrême urgence »  et elles ont toutes été connectées à un ordinateur « sans création préalable d’une image de leur contenu et sans utilisation de matériel de blocage en écriture » . De sorte que, durant ces trois jours, « l’accès aux données (...) n’a pas été effectué conformément aux principes reconnus au niveau international ». Fâcheux lorsqu’on découvre que 48 055 (!) fichiers ont été créés, ouverts, modifiés ou supprimés (lire « Bidouillages informatiques »).

Aucun tribunal ne pourrait s’appuyer sur les résultats d’un tel rapport pour juger quiconque ou quelque pays que ce soit. Mais la rumeur court, faisant les gros titres. Elle n’en finit pas d’être alimentée, atteignant l’Equateur et, surtout, le Venezuela. Si, aujourd’hui, les conditions ne sont pas réunies pour que ce pays entre dans la catégorie des « Etats terroristes » ou des « Etats voyous », cette campagne en crée les conditions dans l’opinion publique. En fait, analyse M. Maximilien Arvelaiz, proche conseiller du président Chávez, « George Bush veut à tout prix laisser des bombes à retardement pour que, quelle que soit l’issue de l’élection de novembre, il soit très difficile d’infléchir la politique des Etats-Unis vis-à-vis du Venezuela ».

Dans un autre registre, cette « psy-op » (opération psychologique, dans le jargon de l’espionnage) rend très difficile la reprise de négociations pour la libération des otages, le Venezuela et l’Equateur se trouvant de fait écartés sauf surprise, jamais impossible dans un tel imbroglio d’une quelconque médiation.

Maurice Lemoine, Le Monde Diplomatique

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lundi

Le Nicaragua pour les Nuls

 

La Revanche de Montezuma

Le 16 mars 1988, il y a vingt ans aujourd'hui, le colonel Oliver North et l'amiral John Poindexter de l'armée des État-Unis étaient inculpés de multiples chefs d'accusation pour le rôle sinistre qu'ils avaient joué dans la guerre sale, l'affaire Iran-Contra, également connue sous le sobriquet de « Irangate ».

Le Nicaragua pour les Nuls

Les aborigènes Nicarao s'installent dans la région 4000 ans avant JC. Ils y vivent plutôt paisiblement jusqu'en 1502, date du débarquement d'un certain Christophe Colomb. Le conquistador Francisco Hernández de Córdoba entreprend de coloniser ces terres et fonde deux villes en 1524 (Granada et León). Mais il se retrouve rapidement en compétition avec d'autres pillards espagnols et termine sa carrière décapité par un rival. Les aborigènes qui ne furent pas assassinés devinrent tout bonnement des esclaves, sur les plantations ou au fond des mines.  Après avoir fait partie des différentes incarnations des administrations coloniales espagnoles, le Nicaragua devient une république en 1838. C'était la mode, à l'époque. En 1856, le rigolo aventurier William Walker, vague ancêtre de monsieur W. Bush, organise un coup d'état financé par Vanderbilt, qui voit l'occasion de créer une ligne maritime qui relierait l'Est à l'Ouest des États-Unis. Walker trahit Vanderbilt, qui se fâche, et Walker est exécuté après une longue et humiliante fuite.

En 1909, le vilain président Zelaya prévoit instituer une loi qui régirait l'accès des firmes étrangères aux ressources naturelles du Nicaragua. Les États-Unis organisent généreusement un coup d'état, histoire de prévenir cette infamie, et renversent son gouvernement. De 1912 à 1933, le pays est occupé par les bons Marines, qui assurent le maintien du bon droit, de la démocratie et de la poursuite du bonheur, conformément à leurs idéaux. Le Nicaragua a pendant cette époque la formidable opportunité de devenir une colonie occupée par l'oncle Sam, ce qui favorise vachement la santé publique, le développement durable, les droits des minorités et l'égalité des chances.


De 1925 à 1933, le libéral Augusto César Sandino dirige une révolte populaire et nationaliste, qui parvient éventuellement à chasser les Marines du pays. Mais au cours des négociations de paix, l'homme de paille des États-Unis, Anastasio Somoza García, le fait assassiner. Hi, hi ! nono ! Soutenue par la Garde Nationale (une sinistre cohorte d'escadrons de la mort, entraînés, financés, dirigés et soutenus par les États-Unis), la famille Somoza règne ensuite de façon despotique de 1936 à 1979. La santé publique perd son rang au sein des priorités, mais demeure assez bonne, du moins pour les Somoza et leurs domestiques. La démocratie, au cours de ces 43 ans, fait preuve d'une remarquable stabilité et l'économie, bien qu'inexistante, est jugée « super-méga-chouette » par les propriétaires des transnationales.

La révolution Sandiniste populaire du FSLN, commencée en 1961, finit par avoir raison des Somoza et de la Guarda Nacional. Au moment de la prise du pouvoir par Daniel Ortega, le Nicaragua est le second pays le plus pauvre de toutes les Amériques, juste derrière Haïti. Écoles, terrains de jeux, pluralisme, distribution des richesses, hôpitaux, élections, ces monstres de Sandinistes se permettent toutes les bassesses pour faire de la peine aux bons mon oncles en charge de fabriquer le rêve américain. Les Sandinistes exagèrent pas mal, dans le trip « bon gestionnaire », en subventionnant l'industrie privée et le commerce, et en honorant la titanesque dette nationale. Ces provocations dépassent les bornes, et la CIA entreprend de constituer une armée de mercenaires redoutables. Ces « combattants de la liberté », tels que les appelle George HW Bush, alors vice-président, ces héros sans peur et sans reproche, s'attaquent en premier lieu aux pires éléments de cette répression marxiste d'inspiration soviétique qui sévit dans le pays : les sages-femmes. On en tue autant que possible, et grâce aux missiles, aux hélicoptères, aux lance-flammes que fournit l'once George, ce rêve devient possible.

Augusto César Sandino, General de hombres libres

Augusto César Sandino, General de hombres libres

C'est alors que le Congrès des États-Unis (un véritable nid de socialistes enragés), interdit au gouvernement américain de fournir des armes aux Contras (pourtant de méritants et courageux assassins de profs d'écoles). En haut lieu, on connaît la menace que représentent les organisateurs de coopératives de maïs. C'est pourquoi on trouve une façon de financer les Contras, à l'insu du Congrès. De façon, disons, illégale. Grosso modo, la CIA organise un réseau de vente de cocaïne colombienne, dont les profits vont à acheter des armes qu'on vend à l'Iran (alors comme aujourd'hui un faux ennemi des É-U, qui joue le vilain dans la pièce de guignol) et l'argent de ces armes va directos aux braves et opiniâtres empoisonneurs de puits Contras.

L'affaire éclate au grand jour, les médias font la danse du bacon, la tivi s'énerve. Un procès-gag est organisé, quelques tapes sur les doigts sont promises, mais par la suite oubliées. Le grand dirigeant du projet, George HW Bush, devient président des ÉU. Reste le réseau de vente de coke, qui — à ce qu'on sache — opère toujours, et également une sorte de principe systémique, qu'il vaut la peine de garder en mémoire, surtout quand on songe que la culture de l'héroïne, presque disparue sous les Talibans, a repris de plus belle depuis l'invasion de l'Afghanistan par nos courageux soldats. L'un des dirigeants relaxés par l'enquête du Irangate, malgré des preuves plutôt solides contre lui, s'appelait Robert Gates, il est aujourd'hui directeur de la CIA.

Et vogue la galère !

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